Lorsque j’étais enfant, je percevais le monde dans sa totalité, dans sa profondeur. J’observais ses couleurs, ses paysages. Les voyages en voiture était une source de découverte, en traversant la France pour les vacances, sur la banquette arrière de la voiture, j’observais chacun des paysages, chacune des villes et villages que l’on traversait. Je m’imaginais, étant adulte, les différentes façons de vivre ma vie : Dans cette jolie ville que je trouvais pleine d’espoir, ou encore, dans cette maison bordant un petit village pittoresque ou je me voyais déjà, amoureuse et heureuse, dans mon jardin bordant un coquet chemin de campagne verdoyant et florissant. J’imaginais tout cela et je me sentais en sécurité, avec mon casque sur les oreilles, mon Walkman et une musique des années 90 qui me faisait rêver à mon prince charmant du moment. Je me souviens de mon cœur qui battait si fort, cette sensation que j’essaie de ressentir à nouveau aujourd’hui, en vain, car c’est elle nait de la nouveauté, de l’inconnu, de l’exaltation, d’un désir si intense, avec elle, on se sent tout simplement… En Vie !
Je me souviens de l’odeur de la nature, et cette sensation agréable que cela me procurait. J’étais excitée, à l’idée des possibilités qui allaient s’offrir à moi en grandissant, à l’idée que ma vie n’attendait que moi !
Ces sensations ont perduré durant quelques années, et puis, un jour, vient l’âge ou les responsabilités nous tombent dessus comme un orage d’été frappant inopinément. Lorsqu’elles arrivent toutes ces responsabilités d’adultes, on n'a plus vraiment le temps de ressentir, de se sentir vivant comme avant, on n'a plus vraiment le temps de prendre le temps, de rêver à notre vie rêvée !
C’est là où je veux en venir :
Panser le Monde avec des mots… Le monde a besoin de guérir ? Mais guérir de quoi ? De qui ? Et pourquoi ? Lorsqu’on doit guérir, cela signifie que l’on a été blessé non ? le monde est pire ! Beaucoup d’entre nous sont Morts tout en étant en vie ! Et Hélas, j’en ai fait partie !
En grandissant, j’ai appris qu’il fallait de l’argent pour vivre, et qu’il fallait travailler pour cela. Travailler pour payer, pour être en sécurité dans ce monde, pour tourner en rond dans le sens de tout le monde ! Et cela même, si je ne connais pas le sens de ce monde…
De l’argent, car c’est lui qui fait soi-disant tourner le monde. Cet argent qui peut m’offrir la sécurité tant convoitée. Ce n’est pas la même sécurité que je ressentais plus jeune à l’arrière de cette voiture, parce que cette fois, elle dépendait uniquement de moi, je me devais, alors, de me l’offrir. C’est ce que j’ai fait, j’ai travaillé, j’ai même trouvé l’amour aussi, le premier très puissant, le deuxième aussi puissant et différent, et quelques expériences en bonus. Je n’ai pas eu ce jardin dans ce petit village pittoresque, je suis restée là, sans même y penser, Amoureuse ? ça oui ! Heureuse ? J’ai surtout bien souffert, je n’y avais pas pensé non plus.
On entre dans ce train express de la vie, ce tourbillon, cette inconscience, cette déconnexion subtilement invisible. Alors qu’on pense avoir tout comprit, avoir fait comme il faut, en fait, on se sent vide sans trop savoir pourquoi, puisqu’on est censé avoir, cette vie bien remplit comme je l’ai appris, mais remplie de quoi, ? Pour qui ? Et pourquoi ?
Et puis un jour, sans avoir le temps de me retourner pour changer les choses, j’arrive au midi de ma vie, aux urgences avec une maladie Auto-immune. Je voulais de la sécurité ? C’est ma sécurité intérieure qui tourne à plein régime…
Mais c’est aussi cette déconnexion à mon corps, à moi-m'aime, à mes sensations, à mes rêves, a cette douce brise et ce beau ciel bleu, cette belle chanson qui me faisait tant rêver autrefois. Sans y penser, à trop chercher la sécurité, j’ai laissé place à l’insécurité totale dans ma vie. Le stress, l’anxiété chronique et les blessures de la vie qui sont miennes : Dévalorisation, rejet, abandon, trahison, injustice… Sans y penser, j’ai porté ces masques invisibles devant mes yeux, croyant me protéger, je me suis oubliée et j’ai réalisé le contraire.
Panser le Monde avec des Mots ? Depuis, j’y ai pensé ! à ma vie, à moi, au quoi, au pourquoi et pour qui. Quelques fois, il ne suffit pas d’être blessé pour être guéri. Quelques fois, il suffit de mourir pour vouloir renaître !
Alors Ok, mon texte est très métaphorique, et sans doute extrapolé, mais si je devais panser le monde avec des mots, je le ferais en toute humilité, en semant ces quelques graines et je lui dirais ceci…
Cher Monde,
Lorsque tu te lèveras demain matin, j’aimerais que tu sois reconnaissant de pouvoir te réveiller en vie, de pouvoir respirer quand d’autres ne le peuvent plus seuls, de pouvoir te lever sans douleur ou presque, pendant que certains hurlent en silence chaque matin. Reconnaissant de pouvoir manger ce que tu désires, pendant que des personnes doivent se piquer pour pouvoir manger. Si je te demande cela, ce n’est pas pour te culpabiliser, non, bien sûr, car elle te fera trop mal et ne t’amènerait pas ou je souhaite t’amener. Si je te demande cela, c’est juste pour que tu y penses… Tu sais cher monde, j’ai conscience que tu as aussi beaucoup souffert, que tu as dû souvent te battre pour survivre, pour te créer ta propre place, pour te sentir à part parmi… Je m’adresse à toi, qui lutte depuis petit contre l’avis des autres pour rester tel que tu es, dans ta différence malgré… Ou encore à toi, qui est resté seul tant d’année, et a été trahi, abandonné, rejeté. Je m’adresse à toi, qui n’a pas eu le choix. À toi, aussi, qui a souvent pleuré dans le noir, sans personne pour te consoler. Et puis, à toi qui as perdu celui sans qui…
Bien sûr, cher monde, j’ai conscience de ta douleur qui a fait de toi quelqu’un à panser… J’ai appris que tu n’étais pas toujours tout blanc, mais que tu es fait de nuances, de leçons faites pour avancer, non seulement pour penser, mais aussi et surtout pour ressentir. Et si je devais te donner ma main pour te venir en aide, je te dirais que ce « malgré » est le sens de ta vie ! Car le sens de tout le monde est le sens de personne. Chacun trouve le propre sens à sa vie, grâce à ce « Malgré ». Chacun trouve la lumière de ses journées, grâce à la pénombre de ses nuits.
J’aimerais tant que tu entendes, que tu te rappelles, de toi, de ce souvenir d’enfance, comme celui que je t’ai raconté. Ce souvenir qui, te ferait Renaître, qui te ferait penser à tes rêves oubliés…
Toi et moi, nous faisons partie du même monde, nous avons appris les mêmes choses, à peu près.
Cher Monde, ce n’est pas l’argent qui te fait tourner, ce n’est pas lui qui répond à tes questions, qui te donne la sécurité, l’Amour, le sens, la direction, qui te fait vibrer, danser, chanter, rire ou pleurer ! Ce n’est pas lui qui te fait sentir cette extrême liberté, cette conscience inespérée, ces valeurs qui sont les tiennes, cette résilience qui te fera te relever encore et encore. Ce n’est pas lui qui va se lever pour réaliser tes rêves…
J’aimerais tant que tu entendes, même si je comprends que cela n’est pas facile de changer ta façon de penser, de voir, de concevoir et de ressentir à nouveau… Tu sais, tu peux ressentir à nouveau, doucement, pas à pas, en confiance, cher monde, tu peux de nouveau être en vie si tu le souhaites, tu peux apprendre à te connaitre, car plus tu te connaitras, plus tu pourras ressentir, et ré-habiter ton propre corps, qui t’attend depuis bien longtemps.
Lorsque j’étais enfant, je percevais le monde dans sa totalité, dans sa profondeur. J’observais ses couleurs, ses paysages…
Et puis un jour, sans qu’on y pense toi et moi, on perçoit le monde différemment. On ne voit plus ces couleurs, sa profondeur, on ne voit plus, on n’entend plus, on ne respire plus, on ne goûte plus et surtout, on ne dit rien !
Je ne sais pas si je peux panser le monde avec mes mots. Ce que je sais, c’est que si le monde peut penser à lui dans sa totalité, dans sa profondeur, dans ses couleurs, ses paysages, alors il renaitrait.
Cher Monde, tu peux crier ! Tu peux danser ! Tu peux pleurer ! Tu peux hurler même ! Tu peux peindre, dessiner, sculpter, créer, jouer, partager, sentir, ressentir, vibrer, aimer… Mais surtout cher monde, si tu me le permets…
Pour panser avec des mots, tu dois surtout te dire à toi-même : « Je t’aime ! » Je me promets de m’honorer, de me respecter et de penser à réaliser mes rêves !
Quant à moi, je m’engage, en retour, à réaliser l’un de mes rêves : « Panser le Monde avec mes mots… »
Aurélie Cordonnier
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